Femmes voyageuses

Le 7 octobre 2021, des femmes du Parlement des écrivaines francophones ont parlé des femmes voyageuses du XIXe siècle sous le titre Voyageuses et espionnes : de fabuleux destins.

Table ronde "Voyageuses et espionnes : de fabuleux destins le 7 octobre 2021 aux Voix d'Orléans animée par Catherine Fruchon-Toussaint, journaliste à RFI avec de gauche à droite Muriel Augry, Laurence Gavron et Fawzia Zouari.
Table ronde « Voyageuses et espionnes : de fabuleux destins le 7 octobre 2021 aux Voix d’Orléans animée par Catherine Fruchon-Toussaint, journaliste à RFI avec de gauche à droite Muriel Augry, Laurence Gavron et Fawzia Zouari. Photo Sophie Deschamps

Parmi les autrices qui sont intervenues dans cette table-ronde, Fawzia Zouari nous explique que dès le XIXe siècle, les femmes ont eu sur l’Orient un regard très différent de celui des hommes.

Quand les femmes partent en Orient, c’est beaucoup plus que de la curiosité, c’est une forme d’altérité extraordinaire. Et très souvent, non seulement elles y vont mais elles y restent. L’Orient devient leur destin. Les historiens se sont rarement arrêtés là-dessus. Il faudrait que nous les femmes nous mettions en valeur leur point de vue.

D’autant que dans l’Histoire, ce que l’on a retenu ce sont très souvent les oeuvres et les faits des hommes. Et l’on a ou bien effacé ou bien oublié ou bien mésestimé l’oeuvre des femmes. Et moi, je sais qu’il y a des femmes extraordinaires que l’on a passées sous silence. De plus, ces voyageuses on ne les prenait pas au sérieux. C’étaient des aventurières, des folles légères…On ne pensait pas qu’elles avaient une approche, une pensée, un « être au monde » différents. Donc nous avons aujourd’hui l’obligation et le devoir de redécouvrir cette histoire au féminin, des premiers siècles jusqu’à maintenant.

Sans oublier que les premières voyageuses étaient vraiment des femmes qui avaient un cran et un courage extraordinaires. On ne voyageait pas à l’époque. Certaines femmes ne sortaient pas de chez elles ou ne se déplaçaient pas d’une province à l’autre, y compris en Europe. Et donc voilà des femmes qui vont non seulement traverser des frontières mais qui vont le faire seules. C’est une double aventure. En plus, elles vont chez l’étranger, chez l’arabo-musulman dont on avait depuis les croisades une certaine idée. Tout cela est un défi extrême. Je dirais que c’est une forme de féminisme et de liberté et d’indépendance fabuleuses qu’il faut rappeler.

Je ne suis pas tombée sur Valentine de Saint-Point par hasard

En fait, toutes les voyageuses sont mes soeurs. Je me reconnais à travers elles et je pense qu’entre elles, qu’elles se le disent ou non, il y a un lien. Il y a une aventure menée en commun et elles se reconnaissent généralement . C’est pourquoi je ne suis pas tombée sur Valentine de Saint Point par hasard. Elle est partie d’Occident pour s’installer en Orient. Moi, je suis partie d’Orient, du Magreb, pour m’installer en France. Ce sont des itinéraires croisés et c’est comme cela que l’on se parlent, et peu importe dans quel sens le lien se fait, c’est cela qui est extraordinaire. Nous ne faisons pas des choix comme on pourrait le percevoir de l’extérieur d’un monde. Je crois que nous besoin avant tout d’une liberté extrême et peut-être même qu’à la fin du voyage c’est nous-mêmes que nous cherchons et c’est cela qui est fabuleux.

C’est un hasard de la programmation mais j’estime que c’est bien de commencer cette carte blanche du Parlement des écrivaines francophones à ces Voix d’Orléans avec ces femmes voyageuses. Après on va se recentrer sur l’espace, sur l’actualité. On va revenir aux problèmes de notre époque, et c’est bien, on aura fait une échappée et on reviendra non pas pour résoudre les problèmes actuels mais pour évoquer à nouveau la question des femmes et dire que nous sommes vigilantes et présentes.

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