La Marche # Nous Toutes contre les violences faites aux femmes

À Paris, la Marche # Nous Toutes a rassemblé quelques 34 000 manifestant(e)s contre les violences faites aux femmes. Un cortège impressionnant et des slogans inventifs et variés en ce samedi 20 novembre 2021.

"On ne naît pas femme, mais on en meurt" , l'un des slogans de la manif #Nous toutes du 20 novembre 2021 à Paris
Manif #Nous toutes 20 novembre 2021 à Paris. Photo Sophie Deschamps

À l’approche du 25 novembre 2021, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les citoyennes et citoyens étaient invité(e)s à descendre dans la rue partout en France pour manifester leur colère avec la Marche # Nous Toutes. À Paris, la mobilisation était toutefois moins forte qu’en 2019. Et la querelle des chiffres inévitable : 50 000 manifestant(e)s pour les organisatrices et 18 000 pour les renseignements généraux.

L’ambiance bon enfant de cette manifestation parisienne était contrebalancée par la gravité des slogans. Car les chiffres, eux, sont glaçants : déjà 101 féminicides en 2021. On peut donc déjà affirmer qu’il y en aura plus que l’an passé où le compteur macabre était monté jusqu’à 102. Soit un tous les trois jours d’où ce slogan terrible, écrit en noir : « dans quinze féminicides, c’est Noël. »

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Procès-spectacle d’Orléans : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ? » 6/7

La question peut prêter à sourire mais elle est en fait très sérieuse. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore dans certains pays les femmes sont emprisonnées ou tuées pour avoir osé défié le pouvoir en place avec leur plume. D’où l’intérêt de cette mise en scène sous forme de procès-spectacle le 9 octobre 2021, en clôture des Voix d’Orléans au tribunal de grande instance de la cité johannique. Compte-rendu d’audience avec la lecture par Sophie Bourel d’un projet de loi en 1801 voulant interdire la lecture aux femmes suivie du témoin de la défense, Marijosé Alie-Monthieux.

par Claire Boutin

Frédérique Lantiéri, Présidente du Tribunal (au fond à gauche) et Sophie Bourel, jouant le député Sylvain Maréchal, porteur en 1805 d'u projet de loi visant à interdire aux femmes l'apprentissage de la lecture.
Frédérique Lantiéri, Présidente du Tribunal (au fond à gauche) et Sophie Bourel, jouant le député Sylvain Maréchal, porteur en 1805 d’u projet de loi visant à interdire aux femmes l’apprentissage de la lecture Photo Sophie Deschamps

Après l’audition des témoins, Frédérique Lantiéri, Présidente du tribunal a repris la parole pour expliquer que « tout le problème réside dans le fait que les femmes ont appris à lire et à écrire. Heureusement, certains ont essayé d’empêcher ce commencement de problème. J’appelle donc monsieur Sylvain Maréchal, porteur d’un projet de loi en 1801, visant à interdire aux fillettes l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

« Considérant qu’apprendre à lire aux femmes est un hors-d’oeuvre, nuisible à leur éducation naturelle. C’est un luxe dont l’effet fut presque toujours l’altération et la ruine des moeurs.

Considérant que cette fleur d’innocence qui caractérise une vierge, commence à perdre de son velouté, de sa fraîcheur du moment que l’art et la science y touchent.

Considérant que l’intention de la bonne et sage nature a été que les femmes exclusivement occupées des soins domestiques s’honoreraient de tenir dans leurs mains non pas un livre ou une plume une quenouille ou un fuseau.

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Procès-spectacle d’Orléans : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ? » 5/7

La question peut prêter à sourire mais elle est en fait très sérieuse. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore dans certains pays les femmes sont emprisonnées ou tuées pour avoir osé défié le pouvoir en place avec leur plume. D’où l’intérêt de cette mise en scène sous forme de procès-spectacle le 9 octobre 2021, en clôture des Voix d’Orléans au tribunal de grande instance de la cité johannique. Compte-rendu d’audience avec deux témoins de la défense, Lise Gauvin et Sophie Bessis.

par Claire Boutin

L'écrivaine Lise Gauvin, témoin de la défense au procès-spectacle d'Orléans le 9 octobre 2021.
L’écrivaine Lise Gauvin, témoin de la défense au procès-spectacle d’Orléans, le 9 octobre 2021. Photo Sophie Deschamps

Nous retrouvons le ballet de nos témoins à charge et à décharge du procès-spectacle d’Orléans « Les femmes qui lisent sont-elles dangereuses ? ». C’est au tour de l’autrice québécoise Lise Gauvin, membre du Parlement des écrivaines francophones de s’exprimer en faveur des accusées.

« Le témoin précédent (Lucie Nézard) signalait le danger du passage du « je » au « nous » dans l’écriture des femmes. Pour ma part, j’utilise un « Je » qui est aussi un « nous ».

Alors, je me porte à la défense des femmes qui écrivent. Car il est devenu nécessaire de changer les modèles fournis par certaines oeuvres littéraires et de dire sans équivoque « je ne suis pas celle que vous croyez ».

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Procès-spectacle d’Orléans : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ? » 4/7

La question peut prêter à sourire mais elle est en fait très sérieuse. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore dans certains pays les femmes sont emprisonnées ou tuées pour avoir osé défié le pouvoir en place avec leur plume. D’où l’intérêt de cette mise en scène sous forme de procès-spectacle le 9 octobre 2021, en clôture des Voix d’Orléans au tribunal de grande instance de la cité johannique. Compte-rendu d’audience avec deux témoins, Marie-Rose Abomo-Maurin pour la défense et Lucie Nézard pour l’accusation.

par Claire Boutin

Marie-Rose Abamo-Maurin
L’écrivaine Marie-Rose Abomo-Maurin témoigne en faveur des écrivaines accusées au procès-spectacle d’Orléans, le 9 octobre 2021. Photo Sophie Deschamps

C’est une Orléanaise qui vient à présent à la barre pour défendre les accusées. Il s’agit de Marie-Rose Abomo-Maurin, membre du Parlement des écrivaines francophones.

« Non seulement, je suis parente avec les accusées mais je suis aussi leur complice.

« Ces blancs sont venus détruire nos principes et nos pratiques. C’est ainsi que commençait l’homme quand il avait lancé les hostilités contre la femme : « Femme, n’as-tu pas encore dit à ta fille, ainsi que je te l’ai demandé à plusieurs reprises, que cette illusion qui l’habite de vouloir faire comme les garçons n’est pas acceptable chez nous ? Nous savons où est la place de la femme. Une femme qui se respecte ne parle pas devant les hommes. Ta fille n’a toujours pas compris qu’elle ne sort de la maison que pour aller chercher du bois et de l’eau. » La femme baissait la tête, de peur que son visage ne soit recouvert d’escarbilles et d’éclats de salive que projetait son homme chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Du crachat de fièvre et du mépris de la femme : « La prochaine fois que je reprends TA fille en train de vouloir faire l’homme, je la marie aussitôt.

« Les urines d’une femme ne peuvent pas passer par-dessus le tronc d’un arbre »

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Procès-spectacle d’Orléans : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ? » 3/7

La question peut prêter à sourire mais elle est en fait très sérieuse. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore dans certains pays les femmes sont emprisonnées ou tuées pour avoir osé défié le pouvoir en place avec leur plume. D’où l’intérêt de cette mise en scène sous forme de procès-spectacle le 9 octobre 2021 en clôture des Voix d’Orléans au tribunal de grande instance de la cité johannique. Compte-rendu d’audience avec Cécile Oumhani en témoin de la défense et Alexandra Schwartzbrod en témoin de l’accusation.

par Claire Boutin

Cécile Oumhani a témoigné pour la défense des accusées au procès-spectacle d’Orléans le 9 octobre 2021. Photo Sophie Deschamps

Huit témoins, toutes représentées par des femmes se sont ensuite succédées à la barre quatre à charge et quatre autres à décharge.

La première à avoir témoigné, pour la défense est la poétesse et romancière Cécile Oumhani, membre du Parlement des écrivaines francophones :

« Qui ne se souvient pas de Shaïma al-Sabbagh, poète égyptienne de 32 ans abattue par la police au Caïre le 24 janvier 2015. Elle vivait à Alexandrie, étudiait le folklore et écrivait de la poésie. Cette jeune femme, issue d’une famille conservatrice allait cheveux au vent, d’un café à un autre se réunir avec d’autres poètes pour parler poésie et rêver d’un monde meilleur.

Ce jour-là Shaïma al-Sabbagh a pris le train pour aller au Caïre rendre hommage aux 800 morts de la Révolution de 2011. Elle avait dit au-revoir à son fils de cinq ans. Elle portait des fleurs qu’elle se préparait à déposer sur la place Tahrir. Celle qui portait des fleurs et rêvait d’étoiles dans ses mains ne verra plus l’aube se lever depuis qu’un fusil l’a fait taire.

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Procès-spectacle d’Orléans : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ?  » 2/7

La question peut prêter à sourire mais elle est en fait très sérieuse. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore dans certains pays les femmes sont emprisonnées ou tuées pour avoir osé défié le pouvoir en place avec leur plume. D’où l’intérêt de cette mise en scène sous forme de procès-spectacle le 9 octobre 2021 en clôture des Voix d’Orléans au tribunal de grande instance de la cité johannique. Compte-rendu d’audience avec les dépositions des deux accusées.

par Claire Boutin

Viktor Lazlo et Suzanne Dracius , les « accusées » du procès-spectacle du 9 octobre à Orléans en clôture des Voix d’Orléans. Photo Sophie Deschamps

Dans ce deuxième volet du procès-spectacle des Voix d’Orléans dont la question est : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses, ?  » nous allons entendre à présent les déclarations des deux accusées qui ont choisi de ne pas avoir d’avocate. La parole est donc à l’écrivaine Viktor Lazlo :

« Madame la Présidente, je reconnais partiellement les faits qui me sont reprochés. En effet, on m’accuse d’utiliser ma plume pour réécrire l’histoire à l’aune de mes croyances et de mes certitudes. D’alimenter la misandrie ambiante et d’inciter à la haine. On m’accuse de représenter une menace pour la société car je proclame haut et fort que la femme que je suis est issue d’une longue lignée de femmes violées dans le consensus des pratiques esclavagistes et colonialistes, bref on m’accuse d’utiliser ma plume pour dire ce que personne ne veut entendre.

Suis-je un danger ? Oui , certainement. Pour toute personne qui se sent visée par mes propos ou menacée par ma parole, les certitudes ancrées dans le discours autorisé risqueraient de voler en éclats.

Suis-je un danger ? Oui, certainement puisque ça (elle montre son stylo, NDLA) c’est une arme. Mais est-ce le seul fait des femmes ? Pourquoi suis-je devant vous alors que je ne fais rien d’autre que rappeler la vérité.

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