Sur les pas de Louise Michel à Paris

Louise Michel est la plus célèbre femme de la Commune de Paris de 1871. Elle a laissé de nombreuses traces dans les rues de la capitale et en banlieue. Des lieux à découvrir au fil des arrondissements parisiens et à Levallois-Perret, où elle repose.

citation de Louise Michel, rue des Thermopyles, Paris 14 : "La révolution sera la floraison de l'humanité comme l'amour est la floraison du coeur
Citation de Louise Michel, rue des Thermopyles, Paris 14, photo Léa Drouelle

Louise Michel est institutrice quand elle débarque à Paris en 1855, à l’âge de 25 ans. Elle s’installe tout d’abord à Montmartre dans la pension de Madame Vollier, 88 boulevard des Batignolles (17ème) Elle exerce son métier de sous-maîtresse à l’école du 14, rue du Château d’eau (10ème arrondissement). Parallèlement, elle s’inscrit aux cours d’instruction populaire de la rue Hautefeuille (6ème). Très vite, elle donne aussi des cours supplémentaires à « l’école professionnelle « de la rue Thevenot ( 2ème), aujourd’hui rue Réaumur. En 1865, elle ouvre à Montmartre un externat au 24 rue Houdon.(18ème). Puis un autre cours en 1868 toujours à Montmartre rue Oudot (12ème) où elle dispense à ses élèves une instruction libertaire.

Les nombreux clubs politiques et féministes de la Commune

Durant le siège de Paris qui débute le 19 septembre 1870, Louise Michel fréquente de nombreux clubs politiques (républicains). Celui de la Patrie en Danger, rue d’Arras (5ème ). Mais aussi le Club Bernard/Club de la Révolution situé 11, rue Affre (18ème) dans le quartier de la Goutte d’or. Celui-ci est un important club blanquiste de 3000 membres. Ou encore le Club de la Reine Blanche 82-90 boulevard de Clichy (18ème) à Montmartre. Un lieu où Louise Michel se retrouve aux côtés de Georges Clémenceau. Il est à cette époque maire du 18 ème arrondissement et joue très actif durant la Commune.

Féministe convaincue, elle fréquente aussi le Club des Femmes de Batignolles situé 77, place du Docteur Félix Lobligeois (17ème). Le Club de la Boule Noire, 170, boulevard Rochechouart à Montmartre (18ème). Un lieu qui abrite les réunions du Comité de vigilance des citoyennes de Montmartre. Avec Sophie Poirier, Louise Michel y milite pour l’ouverture d’écoles professionnelles pour les filles.

L’Hôtel de Ville, lieu incontournable de la Commune

L'hôtel de Ville de Paris et son parvis où Louise Michel tira son premier coup de feu. La Commune y fut officiellement proclamé le 28 mars 1871. Les bâtiments seront brûlés par les fédérés durant la semaine sanglante le 24 mai 1871.
Hôtel de Ville de Paris où Louise Michel tira son premier coup de feu, photo Sophie Deschamps

Le 22 janvier, les Parisiens manifestent contre le gouvernement accusé d’inertie et de défaitisme. Louise Michel, habillée en garde national, tire son premier coup de feu place de l’Hôtel de ville(4ème). C’est là que le 28 mars, le Comité central de la garde nationale s’installe et proclame officiellement la Commune de Paris.

L’hôtel de ville a brûlé durant huit jours à la fin de la Commune, faisant partir en fumée des oeuvres d’art et les archives municipales de plusieurs siècles

Toutefois, l’Hôtel de ville sera brûlé par les communards le 24 mai durant la « Semaine sanglante ». Brûler Paris plutôt que de le rendre devient une consigne dans les rangs communards. Comme en témoigne cette formule sans appel de Louise Michel, le 17 mai 1871 : « Paris sera à nous ou n’existera plus ».

Montmartre, autre lieu majeur de la Commune

Photo montrant les Montmartrois protégeant leurs canons contre les Versaillais de Thiers, premier acte de la Commune de Paris.
Les Montmartrois défendent « leurs canons » le 18 mars 1871, point de départ de la Commune de Paris, photo reproduite dans une rue de Montmartre et aujourd’hui effacé. Photo Sophie Deschamps

Le 18 mars 1871, Adolphe Thiers envoie l’armée sur la butte Montmartre (18ème) afin de reprendre les canons payés par les dons patriotiques. Alertés au petit matin, la population et les membres actifs du Comité de Vigilance de Montmartre ,dont Louise Michel montent aussitôt « à l’assaut des Buttes ». Ils parviennent alors à reprendre leur colline aux militaires dont certains fraternisent avec les Parisiens. Il faut alors imaginer des barricades installées rue Lepic et rue Blanche.(18ème)

Le Sacré-Coeur de Montmartre, construit sur le charnier des victimes de la Commune durant la semaine sanglante de mai 1871, photo Sophie Deschamps

La Basilique du Sacré Coeur est construite à l’emplacement où ces canons étaient gardés. Un édifice voulu par Adolphe Thiers dès 1873 ( et achevé en 1923) pour symboliser le « retour de l’ordre moral » après la défaite de la Commune. Car le Sacré-Cœur de Montmartre n’a jamais eu vocation à “expier les crimes de la Commune”. Au contraire, il a été voulu par un gouvernement opposé aux révolutionnaires. Et qui plus est à l’endroit même où, deux années plus tôt, des Parisiens étaient fusillés, à leur demande.

Retour à Paris fin 1880

Louise Michel arrive à Paris le 9 novembre 1880 à la gare Saint-Lazare. Elle est accueillie par des milliers de parisien.ne.s, photo Sophie Deschamps

Le 11 juillet 1880, l’amnistie générale est décrétée. Louise Michel revient alors du bagne de Nouvelle-Calédonie. Elle arrive à la gare Saint-Lazare (8ème) le 9 novembre 1880. Sur le quai elle est accueillie par une foule de plusieurs milliers de personnes. Elle s’installe alors au 45, rue d’Ornano (18ème).

Louise Michel poursuit sans relâche ses activités militantes, non sans essuyer quelques déboires. Ainsi, en juin 1883, elle est condamnée à six années de prison. Sa faute ? Avoir activement participé à une manifestation de chômeurs qui avait réuni le 9 mars près de 15 000 personnes aux Invalides.

Inhumée au cimetière de Levallois-Perret

Elle meurt le 9 janvier 1905 à Marseille. Son corps est alors ramené à Paris. Une foule immense suit le convoi funéraire de la gare de Lyon (12ème) au cimetière de Levallois– où elle est inhumée. Jusqu’en 1916, une manifestation a lieu chaque année sur sa tombe sur laquelle on peut lire : « Salut au réveil et à ceux qui en tombant ont ouvert si grandes les portes de l’avenir ». En 1946, ses restes sont déplacés près du rond-point des Victimes du devoir, dans le même cimetière. Non loin de loin, on trouve aussi la tombe de Théophile Ferré, son grand amour, resté platonique, fusillé le 28 novembre 1871 à Satory.

Claire Boutin